10.6.13

L'Absente // version 2 // Cie On Dit Vous à Grand-Père

 

"Laisse-moi,
laisse-moi déborder,
laisse-moi bouger,
pour de bon,
s’il te plaît,
laisse-moi.
Longtemps j’ai rêvé tes bras, ton parfum, tes caresses,
mais aujourd’hui,
dans l’espace que ton absence dessine,
dans cette absence que peu à peu je transforme en oubli,
aujourd’hui,
aujourd’hui
moi, 
je vois enfin, 
je vois enfin, 
mon visage."



Il s'agit d'un texte que j'ai écrit et souhaité jouer. Encouragée comme auteure par le comité de lecture A mots découverts (Paris) à l'occasion d'un "travail à la table" en mars 2010 et une lecture à la Maison de la Poésie (Paris) lors des scènes ouvertes de juin 2008, ce récit, entre poème et journal intime, a fait l'objet d'une maquette de création présentée à La Fabrique Ephéméride (Val de Rueil) et à La Chapelle Saint-Louis (Rouen) en 2011. 
Ce texte a suscité beaucoup d'intérêt, de la part du public, des professionnels... Mais pas de financements pour L'Absente malgré des soutiens pour la création de la maquette... Le temps est passé et je n'ai plus ressenti le besoin de jouer L'Absente. Mais cela reste une expérience fondatrice pour moi. Aperçu ci-dessous... 


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Texte et interprétation Delphine Garczynska
Mise en scène et création lumière Jérémie Fabre
Création musicale et chansons GARZ
Scénographie Violaine Decazenove
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ECRITURE
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L’ABSENTE est un récit intimiste, poème nerveux ou chant fragile, qui explore le mal être d’une jeune adulte. En prise avec la solitude des grandes villes, l’agressivité du monde du travail, des doutes adolescents qui la tourmentent encore, une féminité mal assumée, celle qui se nomme elle-même « l’absente » plonge dans sa mémoire pour faire face à ses fantômes familiaux ou au monstre urbain, symbole d’un système qui ne laisse pas respirer. 
Une écriture sensible, impressionniste, qui avance mot à mot dans les méandres de la mémoire, ou une écriture coup de poing qui met en lumière des vérités criantes, criardes : L’ABSENTE dit les douleurs de l’enfance, la fusion impossible et la nécessité du détachement. C’est une pièce qui cherche la sensation première et le premier vrai souvenir, qui raconte la première perte, un texte qui dit avec sincérité que les parents - ou la représentation que nous nous en faisons ? - nous contraignent autant qu’ils nous construisent.



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Sur scène, la maquette


Afin de donner toute sa dimension épique au texte, nous avons travaillé en distance sans en effacer la note sensible. Cette note nous nous en sommes emparés non pas de manière psychologique et diffuse mais au contraire sensuelle et concrète, à travers la création lumière, la scénographie, en accordant une grande importance aux objets, enfin à travers une recherche sonore et mélodique.
Que voit-on ?
Un carré simple au sol, pour délimiter l’espace où tout se joue comme un ring théâtral pour ce combat avec soi-même. Ou un espace intérieur à explorer.
Une chaise, élément familier, mais unique, comme l’évocation du réel et non pas le réel.
Au sol également, les mots « père », « mère », « grand-père » et « moi » qui s’illuminent dans les transitions au noir, fil lumineux entre les flashs de mémoire.
Nous avons travaillé sur l’univers de la nuit, quand remontent les vagues inconscientes : la lumière est suspendue dans le carré de jeu, flottante. Ces points lumineux sont comme les phares d’un rêve ou comme des ancres en plein ciel.
Et la matière : translucide, visqueuse, diaphane, pure. Un rideau de cellophane, une combinaison de cellophane, un scaphandre de cellophane… matière gracieuse et légère, qui se déchire et qui raconte le retour du rêve et des possibles dans ce cri qu’est L’ABSENTE.
Et enfin des sons, à peine une mélodie, des souffles de voix tel un zoom pointé dans la mémoire, des vérités étouffées, l’amorce d’un chant, puis le chant, joyeux, distant. Créée pour L’ABSENTE, la partition sonore est jouée live, en interaction avec la représentation, et mêle guitare acoustique et sons électros : elle est donc mélodique ou organique selon qu’elle évoque une sensation, un sentiment, un événement, un souvenir.
Pour L’ABSENTE nous avons voulu que le plateau soit un lieu de rémanence et de résilience qui suscite une parole théâtrale tantôt frontale, tantôt intime. Pour traduire cette mémoire en travail qui explose, il y a l’interprète sur le plateau, qui en direct et chaque soir s’ouvre et se libère à la manière d’une performance, face au public et face à soi-même.
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Vidéo