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17.6.13

Aubermémoires // Cie Frères Poussière // Cie Habaquq



Aubermémoires (Un petit air de fête), deuxième projet mémoriel 

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Là il s'agit de restituer des témoignages recueillis à Aubervilliers auprès des personnes ayant connu les activités du théâtre de la rue des noyers à l'époque où cette petite salle paroissiale accueillait encore des spectacles et évènements de quartier.

L'équipe qui pilote ce projet (financements CUCS) ce sont les Frères Poussière (rien à voir avec la paroisse...) 


Ce collectif (voir lien ICI) fait revivre depuis quelques années l'ancienne salle paroissiale de la rue des noyers en y impliquant les gens du quartier. Pour

inaugurer leur arrivée une collecte de témoignages a été lancée en 2008 par Justine Bertheau. Elle m'a proposé ensuite de mettre en scène une restitution théâtrale de ces entretiens. Très emballée par le projet je participe aussi aux collectes.


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C'est un projet complètement émouvant et dynamisant. Ce lieu, encore une friche en 2008, a été vivant, artistiquement vivant, "évènementiellement" vivant, suscitant des vocations grâce aux activités proposées dès les années 40. Le grand chef de choeur de la manécanterie d'Auber a trouvé sa vocation là. Un autre enfant de la rue de noyers est devenu comédien... Car il y avait dans cette rue à Auber des ateliers de théâtre, une troupe amateur, une chorale, les scouts le jeudi, des kermesses, des fêtes de Noël... Tout un monde qui se réunissait et se connaissait. Bon, je pense qu'on idéalise toujours un peu le passé. Aujourd'hui à Aubervilliers il y a aussi des fêtes, du théâtre, des rencontres. Mais faire dialoguer passé et présent permet de souligner la richesse actuelle d'un quartier. La question est, avec ce projet : va-t-on réussir à intéresser les gens du quartier à l'histoire de son passé et permettre ainsi un mélange de générations et de cultures ? 


                                                                  
Il y aura plusieurs présentations de la RESTITUTION en 2009 et 2010, en lien avec des rencontres et une expo. La restitution est forcément liée au lieu. C'est le lieu qui ressuscite les souvenirs. Je mets donc en place une visite, guidée par une comédienne qui représente tous les témoins. Le texte est constitué par les paroles recueillies au cours de la collecte. 
Je découvre avec ce projet le pouvoir de l'oralité. Parce qu'il n'y a pas de ponctuation, parce que les témoins sont en train de se souvenir au fil de l'entretien - ce qui provoque association d'idées et émotions - les phrases sont hachées, les mots se tuilent, se répètent plusieurs fois, les maladresses font sens... A cause de toute cette spontanéité les entretiens, retranscrits ensuite par écrit, sont d'une grande richesse stylistique.

C'est Sabrina Bus qui interprète. Comme l'une et l'autre nous avons l'esprit potache, la mise en scène et le jeu soulignent l'humour du "texte" et nous exploitons à fond les petits endroits insolites du lieu pour le faire revivre comme par magie... Le trou du souffleur sur la vieille scène en bois nous inspire beaucoup, ainsi que la "lucarne" du projectionniste... Car tout est magnifique, la scénographie se fait naturellement avec les objets du lieu, qui de plus ont servi : roue de  fête foraine, bateau de manège, banquette de cinéma en moleskine...



A la fin de la visite théâtrale, les spectateurs sont embarqués dans une "boîte noire" pour écouter ce que j'ai appelé un "POEME SONORE" ... Il s'agit là d'un montage audio concocté avec Matthieu Garczynski (Garz). On entend, plongé dans le noir pour une traversée de 20 minutes, les enregistrements des entretiens (des extraits), mêlés à des sons donnant la sensation que l'auditeur fait un voyage dans un cerveau en plein travail de mémoire... Explosent ça et là quelques bulles de souvenirs qu'une musique et des archives sonores développent. Il y a aussi le témoignage de Jack Ralite. Il clot le poème, élargissant le propos à la culture à Aubervilliers en général. Il raconte notamment les débuts du Théâtre de la Commune. Ah oui c'est un poète de la vie Monsieur Ralite, mais un poète actif, toujours !




Conception du projet et pilotage : Justine Bertheau / Frères Poussière
Mise en scène et réalisation artistique : Delphine Branger-Garczynska
Interprétation : Sabrina Bus
Création et réalisation sonore : Garz

6.6.13

De Joliot Curie je suis ! // Corps d'écriture // Frères Poussière



Novembre 2008, cité Joliot Curie, Argenteuil. Premier projet mémoriel. Je n'avais jamais entendu parlé jusqu'alors de collecte de "récits de vie". 





Il s'agit là d'un projet commandé et financé par la mairie d'Argenteuil/GIP (95) et mis en place par Anna Sapolsky et l'association Corps d'Ecriture. Pendant plusieurs semaines Anna Sapolsky écoute les habitants de la cité Joliot Curie à Argentueil. Elle écoute, pose des questions précises sur la cité, son histoire et sa géographie, et enregistre. Ensuite tout est retranscrit par écrit. Ce recueil représente un très gros manuscrit qu'Anna confie à la compagnie Frères Poussières (Aubervilliers) pour une restitution théâtrale et à l'association La Raïs pour une restitution musicale. Je fais partie de l'équipe de trois comédiens chargés de lire, choisir, mettre en scène et jouer ces récits. Nous jouerons le 6 décembre lors de la fête du quartier célébrant les 50 ans de la construction de la cité.



Mais pour l'heure, nous sommes dans le théâtre des Frères Poussières au début de l'hiver par un froid glacial. Pas de chauffage, le vent passe sous les portes et tourne dans la salle de répétition... Mais la curiosité est là qui nous pousse à plonger dans ces récits. Pour qui ne connaît pas "la cité", ce recueil est d'une intensité et d'une richesse incroyables, d'un point de vue sociologique mais aussi émotionnel car là, à Joliot Curie, il y a beaucoup de "gueules cassées"... C'était pourtant pas la guerre mais la cité Joliot Curie est née d'une tranchée immense, une carrière où les barres d'immeubles ont poussé à folle allure dès 1958, remplaçant les baraquements de fortune... Puis dans les années 2000 les barres de Joliot Curie ont failli être rasées... Mais après une levée de boucliers, la cité n'a pas été détruite, elle fait même, en 2008 à l'occasion de son cinquantième anniversaire, l'objet d'une réhabilitation. D'où la collecte de récits de vie et notre présence pour une restitution artistique.

_____________________________________________________________________________________________ Comment on restitue ? Pas facile de répondre théâtralement à cette question car les spectateurs seront ceux qui ont témoigné. Ils en savent donc plus long que nous. Comment faire naître des personnages alors que les "modèles" seront là, sous nos yeux ? Et puis que choisir parmi les récits ? Dévoilerons-nous la portée intime de certains témoignages qui vont bien au-delà de l'histoire du quartier ? Nombreux sont les témoignages qui deviennent tentatives de confessions. On devine derrière les anecdotes de quartier les vies difficiles. Nous comprenons qu'une restitution doit valoriser. Nous créons des saynètes sur la vie quotidienne ou l'histoire du quartier. Le texte, ce ne sont que des phrases tirées des récits. Rien d'ajouté ni de transformé. Nous écartons ce qui est trop intime et essayons de créer une voix universelle qui parlerait sans fard de tout. Avec humour et franchise afin que chacun puisse à la fois se reconnaître en particulier et sentir que nous portons publiquement "l'âme" du quartier, qui a besoin qu'on l'entende et la regarde, ô combien !

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Le soir de la représentation, ce n'est pas facile, la scène est au milieu d'un immense  gymnase et nous jouons en même temps qu'on sert le buffet d'anniversaire où tout le monde se jette !! Nous devons attirer l'attention au milieu des bambins qui courent, des jeunes qui discutent, des gens qui entrent et sortent, et du fameux buffet qui occupent beaucoup (mais quelle bonne idée d'avoir mis les deux en même temps... :(  ). Nous sommes sonorisés ce qui théâtralement n'est pas ce qui se fait de mieux. Mais nous défendons nos saynètes, on nous entoure, le public commente "c'est vrai là ce que vous dites" et le final est très réussi. On avait commencé comme du stand up, quelque chose comme des sketches, comme on se représente le théâtre ici, mais avec des dialogues recueillis lors de la collecte. Puis, après les slams chantés par La Raïs, on est allé dans le public pour dire des choses plus intimes aux spectateurs, presque à l'oreille. Et enfin pour le final on a fait une scène d'anniversaire sous les lampions pour fêter les 50 ans de Joliot Curie : là les enfants et les familles nous ont entouré, l'esprit de fête a gagné ! Représentation dure mais réussie ! 




Collecte et pilotage de la restitution artistique : Corps d'Ecriture/Anna Sapolsky

Interprétation théâtrale (pour l'association Frères Poussière) : Elisa Lecuru, Nicolas Fantoli, Delphine Garczynska)
Interprétation musicale (pour l'association La Raïs) : Adrianna Allègue, Mâya Heuse-Defay, Garz

PHOTOS (en cours)