Aubermémoires (Un petit air de fête), deuxième projet mémoriel
_____________________________________________________________________________________________________________________
Là il s'agit de restituer des témoignages recueillis à Aubervilliers auprès des personnes ayant connu les activités du théâtre de la rue des noyers à l'époque où cette petite salle paroissiale accueillait encore des spectacles et évènements de quartier.
L'équipe qui pilote ce projet (financements CUCS) ce sont les Frères Poussière (rien à voir avec la paroisse...)
Ce collectif (voir lien ICI) fait revivre depuis quelques années l'ancienne salle paroissiale de la rue des noyers en y impliquant les gens du quartier. Pour
inaugurer leur arrivée une collecte de témoignages a été lancée en 2008 par Justine Bertheau. Elle m'a proposé ensuite de mettre en scène une restitution théâtrale de ces entretiens. Très emballée par le projet je participe aussi aux collectes.
_______________________________
°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
C'est un projet complètement émouvant et dynamisant. Ce lieu, encore une friche en 2008, a été vivant, artistiquement vivant, "évènementiellement" vivant, suscitant des vocations grâce aux activités proposées dès les années 40. Le grand chef de choeur de la manécanterie d'Auber a trouvé sa vocation là. Un autre enfant de la rue de noyers est devenu comédien... Car il y avait dans cette rue à Auber des ateliers de théâtre, une troupe amateur, une chorale, les scouts le jeudi, des kermesses, des fêtes de Noël... Tout un monde qui se réunissait et se connaissait. Bon, je pense qu'on idéalise toujours un peu le passé. Aujourd'hui à Aubervilliers il y a aussi des fêtes, du théâtre, des rencontres. Mais faire dialoguer passé et présent permet de souligner la richesse actuelle d'un quartier. La question est, avec ce projet : va-t-on réussir à intéresser les gens du quartier à l'histoire de son passé et permettre ainsi un mélange de générations et de cultures ?
Je découvre avec ce projet le pouvoir de l'oralité. Parce qu'il n'y a pas de ponctuation, parce que les témoins sont en train de se souvenir au fil de l'entretien - ce qui provoque association d'idées et émotions - les phrases sont hachées, les mots se tuilent, se répètent plusieurs fois, les maladresses font sens... A cause de toute cette spontanéité les entretiens, retranscrits ensuite par écrit, sont d'une grande richesse stylistique.
C'est Sabrina Bus qui interprète. Comme l'une et l'autre nous avons l'esprit potache, la mise en scène et le jeu soulignent l'humour du "texte" et nous exploitons à fond les petits endroits insolites du lieu pour le faire revivre comme par magie... Le trou du souffleur sur la vieille scène en bois nous inspire beaucoup, ainsi que la "lucarne" du projectionniste... Car tout est magnifique, la scénographie se fait naturellement avec les objets du lieu, qui de plus ont servi : roue de fête foraine, bateau de manège, banquette de cinéma en moleskine...
A la fin de la visite théâtrale, les spectateurs sont embarqués dans une "boîte noire" pour écouter ce que j'ai appelé un "POEME SONORE" ... Il s'agit là d'un montage audio concocté avec Matthieu Garczynski (Garz). On entend, plongé dans le noir pour une traversée de 20 minutes, les enregistrements des entretiens (des extraits), mêlés à des sons donnant la sensation que l'auditeur fait un voyage dans un cerveau en plein travail de mémoire... Explosent ça et là quelques bulles de souvenirs qu'une musique et des archives sonores développent. Il y a aussi le témoignage de Jack Ralite. Il clot le poème, élargissant le propos à la culture à Aubervilliers en général. Il raconte notamment les débuts du Théâtre de la Commune. Ah oui c'est un poète de la vie Monsieur Ralite, mais un poète actif, toujours !
Conception du projet et pilotage : Justine Bertheau / Frères Poussière
Mise en scène et réalisation artistique : Delphine Branger-Garczynska
Interprétation : Sabrina Bus
Création et réalisation sonore : Garz