18.6.13

D'après Baal // Brecht // Cie Habaquq



" Le ciel offre à midi un immense repos "
Brecht, poèmes




Mise en scène, scénographie et lumières Delphine Garczynska
Interprétation Sabrina Bus et Agnès Serri-Fabre
Création musicale et interprétation Garz   









En 2011/2012 la compagnie Habaquq choisit d'explorer l'oeuvre de Brecht. Jérémie Fabre monte Dans La Jungle des Villes. De mon côté je mets en scène des extraits de Baal, pièce que Brecht a écrite juste avant Dans La Jungle des VillesLe but est de tourner dans les salles des fêtes des villages de la Communauté de Communes de Sourdeval où la compagnie Habaquq est en résidence, puis dans les lycées de Basse-Normandie grâce au dispositif régional Cartatoo.


J'AIME Baal car elle résonne avec la vie et l'oeuvre de RIMBAUD. Brecht crée un personnage mythique, presque mythologique : Baal. Baal, c'est Arthur Rimbaud, c'est LE poète. Un poète démiurge, qui crée et qui casse, pas évanescent, pas gentil, non, UN POETE AVEC DES DENTS. Aujourd'hui il serait punk. Il serait marginal. Il aurait fait du cinéma Nouvelle Vague dans les années 60. Il n'aurait pas été intermittent du spectacle. Il n'aurait pas eu le temps. Les types comme Baal meurent à 30 ans. Dans des chemins boueux ou une seringue dans le bras, inconnus, mais livrant une oeuvre magnifique...ou peut-être le rêve d'une oeuvre... ou une vie comme une oeuvre, avec du souffle, de la chair, d'immenses chagrins, des renoncements, des regrets et de l'amour qui coule ou qui crache...
Comme dans le projet il s'agit de ne jouer que des extraits je sélectionne les pièces à deux personnages. Deux femmes interprètent tour à tour Baal et ses compagnes. Pourquoi confier le rôle de Baal à des femmes ? On pourrait croire que ce type de personnage est exclusivement masculin. Or moi, jeune femme, j'ai l'impression de comprendre Baal intimement. Sa problématique est universelle. On aurait tord de croire que Baal ne parle que de la psychée masculine sous prétexte qu'il "collectionne" les femmes. Les deux interprètes sur le plateau, Agnès Serri-Fabre et Sabrina Bus le prouvent.
Pourquoi La Nouvelle Vague au fait ? Parce que ce courant cinématographique ne cache pas ses artifices, comme le faisait Brecht. Et puis Rimbaud est le trait commun entre Brecht et Godard. Le premier plagie (presque) les plus grands textes rimbaldiens dans ses poèmes de jeunesse et s'inspire de la relation Rimbaud/Verlaine dans Baal. Quant à Godard, il ne cesse de faire référence à Rimbaud dans Pierrot le Fou et crée des personnages très rimbaldiens, douloureusement déçus par le réel, prêts à tout pour vivre quelques instants d'idéal...



Vous pouvez voir ci-dessous huit extraits de quelques minutes chacun. Le chapitre 4 est un film. Projeté pendant la pièce sur un petit écran (qui fait partie de la scèno et structure la dramaturgie), vous le verrez "comme au cinéma" ici.  La musique entendue est la musique de la pièce, signée Garz (le texte est un poème de Brecht). Ces extraits ont été captés pendant un filage à la salle des fêtes de Vengeons (Manche) en décembre 2011.