C'est le printemps 2009. La compagnie Habaquq est accueillie en résidence pour une année test. Avec l'équipe artistique (Sabrina Bus, Jérémie Fabre, Marine Duséhu, Agnès Serri-Fabre, Garz et moi-même) nous créons un cabaret pour le lancement de la résidence.
Le concept de départ : chacun d'entre nous propose un "numéro" de cabaret. Je suis désignée comme le "chef d'orchestre" de cet évènement théâtral. Je tente donc de réunir les propositions de chacun, d'écouter les avis divers sur les scènes en cours, de penser et mettre en oeuvre une scénographie générale... Avec l'aide bien sûr de toute l'équipe. Joies et heurts des entreprises collectives. Heureuse mais rincée.
Puisque nous ne sommes pas des artistes de cabaret, nos propositions pourront être des textes ou des pastiches : faux numéro de magie, faux présentateur etc. Ca commence donc comme au cabaret avec des petites tables autour d'une scène. Beaucoup de fumée. Des créatures qui déambulent, avec des masques d'animaux, des costumes chics et de longues cigarettes. Il y a un présentateur en haut de forme. Et puis un chien. Mais un chien qui parle, joué par une actrice. Il y a là quelque chose qui grince. Comme le disque vinyle qui joue tout seul en attendant que les spectateurs prennent place. Comme cette installation de chair et d'os, vivante, dérangeante, à l'entrée de la salle... Une femme nue, comme la vérité, dort sur une botte de paille.On est donc comme dans un cabaret berlinois, très provocateur, sauf qu'on est en plein bocage virois : à Sourdeval, St Barthélémy ou plus loin à La Roche qui Boit. Et puis ça ripe... C'est fait exprès. Au bout de 20 mn, tous les spectateurs sont embarqués par petits groupes à la recherche de la vérité... Chaque groupe va découvrir dans tout l'espace de la salle ainsi que dans les lieux alentours, des scènes politiques, psychanalytiques, fictionnelles, des chansons, des expériences théâtrales... jusqu'au bouquet final qui varie en fonction du lieu investi. A Saint Barthélémy on voyait apparaître sur le terrain de foot des créatures étranges, mi-cochons, mi-vaches, mi-chiens, mi-nues, et deux ânes en costumes de mariés qui chantaient. A Sourdeval les spectateurs étaient sur la scène, à "La Roche qui boit" l'apparition avait lieu sur le lac...
On a beaucoup de boulot pour chaque représentation car nous montons, jouons, démontons, et il y a plein de petites scènes partout. C'est atypique mais ça passe. Y'a du monde pour venir voir la nouvelle compagnie. Le spectacle fait un peu polémique, il bouscule certains... Mais d'autres sont complètement emballés. Moi j'aimerais refaire ce spectacle, et qu'il devienne un bijou d'ambiguïté, d'illusions, de beauté et de provocations.
Avec Sabrina Bus, Agnès Serri-Fabre, Marine Duséhu ou Anna Collin, Delphine Garczynska, Garz
PHOTOS (en cours)
Affiche : Vincent Bernat